jeudi 17 septembre 2009

"Le sabre Chinois : une main de velours dans un gant de fer" de Didier Rambaud

Réactualisation du texte de Didier Rambaud paru sur le blog en janvier 2009 pour ceux et celles qui font l'apprentissage de cette arme cette année.

"Comme nous l’indique l’ouvrage « les caractères chinois », l’idéogramme « Dao » désigne le couteau mais aussi le sabre (1): « un couteau et une hache » signifie que celui-ci ne fait pas dans la dentelle et « Abandonner le couteau du boucher et devenir sur-le-champ un Bouddha » signifie avoir une conversion éclair et inattendue.
Le caractère « Dao » dans son application linguistique au sabre semble être en parfaite harmonie avec ces deux citations.
Le sabre en effet est une arme dont « la précision joue un rôle secondaire par rapport au travail à l’épée. Ici moins de finesse, mais beaucoup plus d’efficacité. » (2)
Avoir un sabre en main, c’est donc vouloir en découdre sans faire dans la dentelle !

Une arme de champ de bataille

Comme peut le suggérer le sabre légendaire Ko Dao – le sabre faucheur – cette arme possède un grand pouvoir de destruction. C’est l’arme militaire par excellence ; une arme de champ de bataille dont la spécificité technique revient à trancher et tailler et principalement sur les grandes articulations (Et de manière légendaire sur celle de la tête pour trouver la voie…comme le disait le Fou dans Tintin au Tibet !)
Le sabre peut aussi « porter de redoutable coup d’estoc (pointe) » (3) bien que sa lame incurvée facilite moins cette utilisation que l’épée. Néanmoins, en terme d’efficience, le sabre possède une panoplie très complète d’utilisation tant offensive que défensive (taille, estoc, contre, tournoiement, blocage) qui en fait une arme facile à mettre entre toute les mains.
Cette facilité loin d’être péjorative se comprend, notamment, par la grande diversité de sabres que propose le Kung Fu.

Une fine lame pour combattant

Si nous considérons les couteaux papillons du Wing chun comme classé dans la catégorie des sabres mais encore le grand sabre du Pakua ou le celui du Xin I Chuan – sans être exhaustif - nous voyons tout de suite l’intérêt qu’il y a à abandonner le couteau du boucher ! En d’autres termes, dans sa première manipulation, le sabre peut apparaître comme étant une arme de peu de finesse et être en conséquence une arme de peu de technique. Une arme en fait à mettre ente toutes les mains ! Mais à y réfléchir, la conversion éclaire et inattendue me semble être de mise lorsqu’on s’imagine un instant devoir défendre sa vie avec un ustensile tranchant ! Prenons y garde donc, il s’agit en priorité d’une arme non de parade mais bien de combat. Par conséquent, dans ce sens, le pratiquant qui a son sabre dans les mains y possède aussi sa vie. Aussi peut être que c’est le sabre qui choisit sa main et non l’inverse ! De plus, en tant que « Symbole de mort et de renaissance » (4) dans une bataille, le souffle de vie ne tient qu’au fil de la lame. Souffle que le travail du sabre renforce ainsi que le gros intestin (Et Milou nous l’avons vu pour trouver la voie!)
Rattaché au symbolisme de l’Ouest, il indique donc dans les initiations anciennes le royaume des morts tant ses coups acérés peuvent répandre le sang sur les champs de bataille. Pour ce faire, sa grande diversité de forme et son caractère opérationnel fait de rudesse rend au sabre toute sa finesse de fond. Il peut ainsi n’être pas simplement qu’un objet de parure mais bien le prolongement du corps du pratiquant et lui permettre d’améliorer son Kung fu dans l’optique du combat."

Didier Rambaud
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(1) Les caractères chinois, page 129, Edition Flammarion
(2) et (4) Pourquoi des armes dans le Kung Fu , John Squier, Arts et sports de combat numéro 40, Page 43
(3) Découvrir les anciennes armes de la Chine, Georges Charles, page 42, Amphora

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